Le Chef de l’Etat a tenu à s’adresser au peuple le jeudi 25 juillet 2024 à 18h00 précises, exactement à la même heure où, il y a 67 ans, un jeudi 25 juillet 1957, le président de la Constituante, feu Jallouli Farès, avait annoncé l’abolition définitive de la monarchie et l’instauration du régime républicain en Tunisie. La symbolique du timing est significative et porteuse de sens puisque le Président de la République aspire à construire une nouvelle république avec l’ensemble de la nation et où il n’y aura de place ni pour les voleurs, ni pour les traîtres, ni pour les agents à la solde de l’étranger, mais à partir des choix du peuple tunisien qui veut décider de son propre destin. Il a expliqué que la situation que nous vivons aujourd’hui est sans précédent. «C’est un conflit entre un nouveau système politique et un système qui n’a pas été entièrement démantelé», a-t-il souligné.
C’est la première fois que le Chef de l’Etat résume en si peu de mots la situation politique qui a prévalu dans le pays sous son mandat. A ceux qui lui reprochent d’être très long à la détente, il a indiqué qu’il ne s’agit pas de lenteur dans la prise de décision mais d’une forme de retenue pour ne pas perturber un climat social déjà fragile.
C’est d’ailleurs cette modération qui a fait en sorte qu’aucune goutte de sang n’a coulé dans le pays. Toutefois, il a réitéré son engagement à démanteler les réseaux organisés qui sévissent au sein des appareils et institutions de l’État. Des réseaux qui ont entravé le fonctionnement des différentes institutions, en témoignent les coupures délibérées d’eau potable et d’électricité ainsi que le refus de fournir les services et de satisfaire les besoins des citoyens ou qui ont conduit au blocage systématique de nombre de projets malgré la disponibilité des fonds qui leur sont alloués. La poursuite en justice des personnes corrompues et le rétablissement des droits légitimes des démunis sont des choix incontournables et la volonté du peuple, selon Saïed. C’est pourquoi il a épinglé un certain nombre de responsables qui, malgré cette situation difficile et délicate, n’ont pas rempli leur devoir envers la patrie et n’ont pas été à la hauteur de leurs responsabilités.
En dépit d’un héritage lourd, du refus des diktats provenant de l’étranger et des exigences imposées par des institutions qui ont cru pouvoir placer la Tunisie sous leur tutelle, le compter-sur-soi a été le maître mot de la période écoulée.
Cette démarche, malgré sa perception négative, a porté ses fruits. En effet, le Président Saïed a passé en revue les indicateurs qui clignotent au vert tels que le taux d’inflation qui a été maîtrisé, la balance commerciale alimentaire qui a enregistré un excédent, outre les réserves de change qui ont atteint 113 jours d’importation.
Toutefois, il a admis que ces indicateurs ne cachent pas l’ampleur des défis que chacun doit relever par le travail. Voici en gros le bilan d’un mandat qui n’a pas été de tout repos et durant lequel le pays a été engagé dans un vaste projet de transformation et de libération. Transformation d’un modèle basé sur la rente économique qui n’a profité pendant plus de soixante-dix ans qu’à quelques familles notoires, aux lobbies et aux contrebandiers et qui a creusé le lit des disparités sociales. Libération de la mainmise des puissances étrangères et de leurs bras financiers. Mais comme dans toute guerre, il y a une résistance au changement, il y a confrontation et il y a aussi des dommages collatéraux.